Ronald est-il le Roi ou le bouffon de la malbouffe?

Évidemment ici, l’intérêt est de provoquer, de choquer, mais aussi et peut-être surtout de faire réfléchir. Ma démarche est née de l’envie de défendre les indéfendables, en plus de l’envie de défendre McDonald’s, entreprise décriée qui m’a pourtant nourri pendant des années. Une sorte d’hommage sincère, provocateur et argumenté.


On parle souvent de McDonald’s comme le symbole de la malbouffe, comme l’exemple typique de tout ce que la société a fait de pire en matière de globalisation, de consumérisme, de surconsommation, j’en passe et des meilleurs. Ma première interrogation fut de savoir ce que signifie le mot malbouffe. Évidemment, il n’y a pas de définition claire et précise. Selon les inventeurs du terme[1], cette désignation s’appliquerait à un type d’alimentation qui ne répond pas aux besoins physiologiques car trop gras, trop sucré ou pauvre en nutriments. Aujourd’hui évidemment, la définition s’est élargie et concerne toute la filière agro-alimentaire. Est communément appelé « malbouffe » « tout aliment dont l’excès de richesse ou les conditions de production nuisent à la qualité et à la sécurité alimentaire (obésité, pollution, épizooties, hormones…)[2] ». Pour d’autres, le terme est à portée encore plus générale et « désigne une nourriture industrielle de médiocre qualité [3]». Quelles que soit les définitions rencontrées, toutes tournent autour de ces trois problématiques : la piètre qualité nutritionnelle, une production nuisant à la sécurité alimentaire (au sens large i.e. pollution, obésité, hormones …), voire à un système économique (plaçant le profit au-dessus de la qualité de l’alimentation, de la qualité de production, de l’impact écologique, etc.)

Partant de ce constat, voici ma définition du mot « malbouffe », telle que je la comprends et l’utiliserai tout au long de cet article. Il s’agit d’un système agro-alimentaire industriel capitaliste à l’impact négatif voire nuisible à son environnement. J’ai choisi d’utiliser le mot « système », car il me semble que ce soit le terme qui décrive le mieux la production alimentaire cohérente  que constitue la chaine alimentaire allant du champ à l’assiette[4]. Évidemment, le terme « agro-alimentaire » fait référence ici à un « secteur industriel ayant pour objet la transformation, l’exploitation et le conditionnement des produits agricoles en denrées alimentaires destinées à la consommation humaine et animale [5]». La mention du terme « industriel » rappelle l’idée de la production massive et massifiée du produit. En effet, j’ai choisi de laisser de côté les artisans ou petits commerçants du mal-manger, car ils sont en dehors des grandes vagues et tendances de la mondialisation. Ce ne sont pas eux qui en sont les principaux acteurs, mais bel et bien les grandes firmes multinationales.  Ce terme est à différencier du capitalisme que je conçois comme étant un système économique accordant une place prépondérante aux capitaux privés, et donc de ce fait, au profit. Mais comme je vous vois déjà venir avec vos critiques, j’ai anticipé. Non, je ne dis pas que le capitalisme est forcément mauvais, ni même qu’il a forcément uniquement des effets négatifs. Voilà pourquoi je précise également ce point dans ma définition. Je cible ainsi une certaine forme de capitalisme, que certains, exagérément peut-être, qualifieront de « sauvage ». Enfin j’ai volontairement choisis un mot à portée très générale en me référent au terme d’« environnement ». En effet, je souhaitais tant vouloir parler du consommateur, que de l’ « environnement » comme signifiant l’impact écologique, l’impact social, etc. D’où un terme assez vaste pouvant désigner toutes ces idées à la fois.

Sachant tout cela, la question que je me pose est alors de savoir si McDonald’s peut être considéré comme un porte-drapeau de la « malbouffe ». Ou plutôt, pour être totalement honnête, la question est de savoir, en bon provocateur que je suis, si l’on ne peut pas détaxer McDonald’s du qualificatif de « roi de la malbouffe [6]». Pourrait-on même aller jusqu’à affirmer que l’on se sert de l’enseigne pour critiquer un principe auquel elle n’est lié que de réputation ? McDonald’s est-il la victime d’une campagne altermondialiste visant à dénoncer les effets d’une globalisation galopante, d’un anti-américanisme chronique et d’une attaque hasardeuse sur l’une (parmi des milliers, peut-être des millions de firmes multinationales ayant fait sa fortune avec la mondialisation et l’occidentalisation pour ne pas dire l’américanisation des normes et modes de vie) ? Sans vouloir faire trop de publicité à KFC, peut-on tout de même désigner McDonald’s comme le dindon de la farce, comme le bouffon du Roi ?

Ainsi, comme vous pouvez le lire à travers ces quelques lignes, cet essai n’est pas neutre. D’une part parce que je ne prétends nullement à l’objectivité (qui selon moi est un concept inutile et vide de sens, mais passons, ce n’est pas le débat du moment), et d’autre part parce que j’aspire à argumenter et étayer une position. L’intérêt réside alors dans la nature des preuves et arguments que j’avancerai tout au long de cet essai. A ce sujet, ces derniers sont tous vérifiables et les données consultables sur internet. Il convient ici de nuancer l’apport d’Internet qui bien qu’étant une source formidable d’information, nécessite toutefois la prise de quelques précautions. C’est pourquoi mes sources sont reconnues, diverses et ont (dans un souci d’équité) des intérêts parfois opposés, si l’on compare des sources provenant de McDonald’s ou celles d’une ONG environnementale.

Si l’on peut aisément montrer que McDonald’s est une entité industrielle capitaliste ayant pour but premier de faire du profit ; il est cependant moins vrai qu’elle soit aussi nuisible pour son environnement qu’on veuille bien le dire. Je ne vais, pour des raisons qui m’apparaissent assez évidentes, pas m’attarder sur le fait que McDonald’s soit une entreprise capitaliste visant à rapporter quelques liasses à son (ses) propriétaire(s). Je vais plutôt me concentrer à montrer que la définition de « malbouffe » ne peut clairement pas s’associer au type de services et de produits proposés par la multinationale américaine.

Salades et Fruits, c’est à vous de voir; OGM, c’est non !

Lorsqu’il est question de malbouffe, la première critique que l’on peut légitimement adresser est celle de la qualité de la nourriture. Depuis 2001, la chaine de restauration rapide américaine a « imposé à ses fournisseurs que tous les produits proposés dans les menus soient sans OGM [7]». A l’heure où beaucoup de doutes existent sur la dangerosité (ou non) des OGM, et les conséquences qu’ils pourraient avoir sur l’Homme ou la Nature, la marque est claire : rien de nature génétiquement modifié n’est distribué au client. C’est un garant de la qualité de la nourriture. Plusieurs entreprises comme Kellogg’s, Nestlé, j’en passe et des meilleurs [8]ne sont pas taxées de « malbouffe » alors qu’elles choisissent pour des raisons purement financières d’avoir recours à ce type d’ingrédients pour le moins douteux. McDonald’s ne le fait pas.

Non seulement ca, mais Donald s’améliore. On l’avait épinglé violemment dans « Supersize Me » notamment pour ne proposer que de la viande grasse, et que très peu de produits dits sains pour la santé. Depuis, des menus ont été créés incorporant des fruits. Diverses salades ont été ajoutées au menu pour contenter les végétariens et autres adeptes des salades. Et la tendance ne s’arrêtera pas là. McDonald’s a par le passé su s’adapter aux coutumes locales. Par exemple, au Japon, il existe des menus spéciaux « tels le McChao (au riz frit) ou le hamburger aux crevettes, ou encore le poulet tatsuta (un sandwich au poulet parfumé à la sauce soja[9]) ». En un mot, ils ont su s’adapter « aux goûts asiatiques[10]”. Le message est donc très clair, le but reste de faire du profit et de vendre un maximum de menus. Si la population exprime un désir pour tel ou tel type de produit, alors McDonald’s évoluera automatiquement. Si l’on a mis tant de temps à voir plus de « vert » dans les menus, c’est peut-être tout simplement parce que ca ne correspondait à aucune demande. C’est parce que les clients n’attendaient pas cela. Aujourd’hui, il est évident qu’avec l’impératif écologique, tout ceci est en train d’évoluer. Et McDonald’s suit. Je ne peux pourtant m’empêcher de relever la remarque d’un collègue à moi qui en recevant son CBO m’a sorti tout-de-go : « P*t**n, j’ai commandé un hamburger pas une salade » [en référence au trop de salade dans le sandwich]… Jamais contents…

« Chaque processus de transformation est contrôlé, suivi et maîtrisé afin de garantir la qualité et la sécurité des aliments »

Outre ce qu’il y a dans l’assiette, les ingrédients utilisés sont également d’une importance considérable dans l’optique de pouvoir/vouloir offrir une nourriture de meilleure qualité. Évidemment, bien haut sur la page environnement du site de McDonald’s figure cette phrase typique, presque banale, pour ne pas dire désuète : « De la ferme au restaurant, à chaque processus de transformation, tout est contrôlé, suivi et maîtrisé afin de garantir la qualité et la sécurité des aliments et une traçabilité sans faille des produits. » C’est une phrase qui nous fait rêver… et qui nous fait dire aussi que depuis des années, ils ressortent les mêmes discours. Oui, mais non. En effet, le restaurant américain ne s’arrête pas à cette vague phrase passe-partout (et qui accessoirement est passe-temps aussi. Les deux sont la clé de la réussite). On nous apprend ainsi que chaque animal est particulièrement suivi dès la naissance, grâce à un passeport spécifique. De plus, les steaks font l’objet de plus de 35 000 contrôles par an, soit, pour ceux qui savent calculer, près de 100 par jour. Certes, peut-être pourraient-ils faire plus. Mais connaissez-vous une multinationale qui puisse vous garantir un niveau comparable de contrôle et de traçabilité [11]? Il ne doit honnêtement pas en avoir beaucoup. La chaîne du froid est-elle également scrupuleusement respectée. La société annonce ainsi qu’en 3h, elle peut tout savoir sur un lot donné de McNuggets™ servi en magasin (provenance, circuit emprunté pour arriver, lieu de naissance du poulet, etc). Pour un lot de petits pains, en 8h l’on peut retrouver le lot de la parcelle dont le blé utilisé pour sa fabrication provient ! Au moindre problème détecté, la machine se met en route, et les problèmes ont ainsi beaucoup plus de chances d’être résolus, ce qui contribue inévitablement à une meilleure qualité des ingrédients servis.

Non seulement cela, mais on accuse souvent McDonald’s d’avoir des produits gras. Une précision est tout de suite nécessaire : le pourcentage et la nature des huiles et graisses utilisées varient selon les lois et normes en vigueurs dans les pays respectifs. Par exemple, en 2005, du fait/grâce à des législations et normes particulières[12], « le taux de gras trans dans les frites McDonald servies à New York, était 28 fois plus élevé que celui des restaurants danois [13]». Revenons à nos moutons. Enfin à nos vaches. Enfin là en l’occurrence, je vais plutôt parler d’huiles. Revenons à nos huiles. Une politique dans la matière est nécessaire, surtout chez McDonald’s où les produits frits ne manquent pas : potatoes, frites, poissons, McNuggets™, etc. « Tous les restaurants de l’enseigne utiliseront un nouveau mélange d’huiles (…) qui portera le taux d’acides gras trans à moins de 2% tout en maintenant le taux d’acides gras saturés à 10% ; deux catégories d’acides gras qui ont un impact négatif sur le taux de cholestérol sanguin[14]. » peut-on ainsi apprendre sur le site campagnesetenvironnement.fr, qui je vous rassure, n’est pas une filiale de McDonald’s, ni même un groupe d’industriels farfelus prétendument verts, ayant pour but de nous faire gober n’importe quoi. Certains avanceront peut-être que c’est encore trop. Honnêtement, je ne suis pas un expert, et je ne puis vous dire si c’est effectivement trop. La seule chose que je peux répondre à cela, est que ces chiffres sont en parfaitement conformes aux attentes de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments [15](AFFSA). Si vous trouvez ces chiffres ridiculement hauts, allez discuter avec ces experts, pour leur demander de réduire leurs seuils. McDonald’s est quoiqu’il en soit en règles avec les normes recommandées par les experts. Inutile d’ajouter que la branche française du géant américain a signé la Charte d’engagements volontaire de progrès nutritionnel PNNS 2 (en partenariat avec le Ministère de la Santé). Ca ne serait que pure/pire provocation.

On peut dès lors affirmer qu’il y a un réel suivi des aliments, de leur qualité, ainsi qu’une préoccupation de tous les instants pour leur traçabilité et sécurité. Cela n’aide pas à la qualification de « roi de la malbouffe » tant on a vu pire. Je ne suis pas certain que le petit artisan vendeur de Kebab de votre quartier, le pizzaiolo ou qui sais-je encore, chez qui vous allez pour justement ne pas vous « ruiner la santé chez McDonald’s » soit capable de vous dire avec certitude d’où provient sa viande, comment a été élevé l’animal, dans quelles conditions d’hygiène est-ce que tout cela a été transporté, etc. Bref, vous m’aurez compris.

Une politique globale de formation des jeunes, au cœur de la question sociale

Parce que ne juger l’entreprise que sur sa politique gastronomique et nutritionnelle serait illusoire, presque candide ; vient maintenant l’intérêt de se renseigner sur l’impact de McDonald’s sur son environnement au sens large. L’attention sera ici portée à deux dimensions qui me paraissent fondamentales, et particulièrement au cœur des débats ces derniers temps : la question sociale et l’effort pour l’environnement. Dans ces deux domaines, et contrairement à ce qui pouvait être constaté il y a de cela dix ou vingt ans, les politiques en vigueur chez McDonald’s sont loin d’être nocives. Au contraire. En matière d’emploi notamment, la marque est loin de son image d’antan: « sa politique sociale ‘à l’américaine’ [16]»,  « l’époque aussi où les grèves chez McDo font la une des JT [17]», les pressions et autres harcèlements [18]… Tout ça, c’est du passé. Les temps ont changé.

En premier lieu, la firme se distingue par une politique de promotion interne des plus abouties : « McDonald’s a fait le choix depuis longtemps de miser sur ses talents et ses forces vives internes [19]» en partant de l’idée que le diplôme ne fait pas tout et qu’un équipier de base peut aussi avoir les qualités nécessaires pour monter dans la hiérarchie. Ainsi aujourd’hui, selon son Vice Président Ressources Humaines pour la branche France, « 90% des directeurs [de restaurant] viennent de l’interne [20]», alors que « 80% de nos managers sont issus de la promotion interne [21]». Et ce ne sont pas que des mots : un Manager encadre environ 10 à 15 personnes, et touche entre 1200 et 1300 euros, hors divers avantages (retraite, santé, véhicule de fonction, restauration, etc). Le directeur de restaurant touche lui « environ 33000 euros par an » explique le même Hubert Mongon. Et l’ascenseur social est loin d’être en panne. Monter aux étages supérieurs ne lui prend que quelques années ; une véritable performance aux vues de la conjoncture actuelle : « Cela peut prendre entre 5 et 10 ans pour évoluer quand on commence simple équipier. On peut donc être manager de restaurant aux alentours de 27 ans et directeur de restaurant aux alentours de 30 ans ». La question des discriminations est également traitée. Ainsi, Jean-Pierre Petit, Président Directeur Général de McDonald’s France et « Executive Vice-President » de McDonald’s Europe, a signé, en février 2006, la Charte de la Diversité, confirmant l’engagement de la branche française en faveur de la diversité culturelle, ethnique et sociale au sein de ses organisations[22]. Il y a par exemple 61% de femmes parmi les employés, et plus de 600 handicapés. Des statistiques très largement supérieures à la moyenne française dans la matière. Enfin, il apparait que la politique d’emploi des jeunes, population souvent exposée aux crises est un point fort de la politique sociale de la marque, qui reste « l’un des plus importants employeurs de jeunes en France. En 2007, la moyenne d’âge des équipiers était ainsi de 22 ans [23]». Je crois que je pourrais continuer encore longtemps (syndicalisme, emploi des seniors…). Ainsi, la politique de l’emploi chez McDonald’s est extrêmement intéressante et a un impact au moins positif sur son environnement.

Outre une politique de l’emploi audacieuse, il convient également de souligner une politique ambitieuse de formation. Ainsi, la chaine offre à ses salariés une formation adaptée afin que chacun ait la possibilité de progresser en interne. Un programme de valorisation des acquis a été ainsi mis en place pour les managers et les directeurs, permettant aux lauréats (94%) d’obtenir une Licence en Management  reconnue par l’Éducation Nationale ; ainsi qu’une équivalence avec des écoles de Management à Rouen. De plus, McDonald’s ne pouvait rester insensible à la problématique des salariés-étudiants, du fait que ceux-ci constituent plus de la majorité du personnel équipier. Véritable expert en la matière depuis des années, l’enseigne a même été      « sollicitée par le Conseil Économiques et Social pour contribuer à la rédaction du rapport national sur le travail étudiant en France [24]». Egalement, il convient de souligner une idée originale lancée en 2007 : « Les Talents McDo ». L’idée est de récompenser certains étudiants, particulièrement doués scolairement ou artistiquement en leur attribuant des bourses, finançant une année de formation artistique de haut-niveau, etc). La firme a également instauré le McPasseport permettant à un employé de partir travailler dans le McDonald’s de son choix au sein de l’UE. Enfin, l’entreprise consacre beaucoup d’énergie dans la formation des cadres, la recherche de solutions nouvelles à l’image de l’« Université du Management » qui a regroupé, en juin 2007, 1.200 directeurs de restaurant et superviseurs pendant 2 journées sur un thème unique : « Qualité du management et innovations sociales ». Pareillement, je pourrais aussi continuer sur les différentes politiques de formations spécifiques à l’enseigne, ou sur les différents projets qu’elle mène. Quoiqu’il en soit, il apparait évident, encore une fois, que ce soit au niveau de l’emploi ou de la formation, l’impact de la société sur son environnement social est loin d’être néfaste.

McDonalds se met au vert : pas qu’une politique en carton !

L’effort écologique est l’un des atouts majeurs de la société texane. Si ses politiques sociales et nutritionnelles sont déjà très intéressantes, la révolution est certainement verte, tant la marque n’a pas hésité à se transformer totalement pour embrasser cette cause. Que ce soit tant au niveau de sa communication que des actions qui sont menées pour rappeler l’importance de l’environnement, de la nature, etc. Tout d’abord, et c’est phénoménal, le changement de logo. J’ai eu du mal à y croire quand je l’ai appris, mais oui, McDonald’s va bel et bien changer ce qui le caractérisait le plus. Fini le fond rouge trop voyant qui rappelle le steak saignant, la boucherie et quelque part finalement, le sang et le mal-être. Place maintenant à un logo vert, plus proche des consommateurs orientés vers l’agriculture biologique. Le vert rappelle la nature, l’écologie, le bien-manger, donc la qualité et plus de bien-être. L’agressivité d’un énorme « McDonald’s » devant les arches jaunes a disparue. Le logo est aujourd’hui assez connu pour qu’il ne soit pas nécessaire d’écrire le nom de la marque : c’est plus discret. Autre changement crucial, le slogan. Pari risqué puisqu’avec le logo, ce sont les deux grands étendards d’une marque. Fini le « C’est tout ce que j’aime », qui insiste sur le plaisir de manger, manger plus, la surconsommation, se goinfrer,  et finalement qui fait plus usine que restaurant. Depuis 2009, le nouveau slogan est bien plus percutant et innovant : « Venez comme vous êtes ». Grâce à ce slogan, on transforme ce qui pourrait être des défauts du McDonald’s en réels atouts. Certains vous diront que c’est toujours surpeuplé, qu’il n’y a pas de place pour s’asseoir, qu’il n’y pas de réservation, bref que ce n’est pas un vrai restaurant. McDonald’s vous répond alors par plus de proximité, diversité, esprit d’accueil, acceptation du client quel qu’il soit. McDonald’s favorise donc le contact humain. C’est une société plus humaine, plus proche et donc aux antipodes de son ancienne image. Qu’on le veuille ou non, ce restaurant (et c’est encore plus vrai en Inde) accueille des cadres, des ouvriers, des étudiants, parfois même des seniors. On y mange avec les doigts. C’est du détail, mais ca joue : Il y a une proximité physique et presque « émotionnelle [25]», d’où cette nouvelle signature, « Venez comme vous êtes ». Je pourrais également vous parler de bien d’autres aspects de la communication chez McDonald’s. Toujours est-il que cette communication s’avère payante. Non seulement, les opinions favorables à la marque sont montées en flèche ces dernières années (+50%), mais elle est aussi reconnue par les professionnels, qui lui ont attribués Un Grand Prix des stratégies médias 2009 pour BETC Euro RSCG, Duke et OMD et un Grand Prix Stratégies du marketing des jeunes 2009 pour la campagne de vidéos virales sur Internet créées par Duke, entre autres.

Tout ça ne sont que des paroles me direz-vous. Certes, vous répondrais-je, mais la société agit également dans le domaine écologique, et ce, à tous les niveaux. Comme depuis le début, il me sera impossible de faire la liste de toutes les actions menées par la multinationale en termes d’environnement, car il  y en a littéralement des milliers. Mais je puis essayer de vous en présenter quelques essentielles. Un des plus gros problèmes de McDonald’s dans cette matière était sa production de viande, comme le rappelait The Environmental Magazine. En effet, « l’industrie du bétail produit plus de gaz à effet de serre que les transports ». Ce qui devait arriver arriva, et la firme américaine lança des recherches (en Grande-Bretagne, France et Etats-Unis notamment)  avec l’école vétérinaire de Purpan et son fournisseur de steaks hachés McKey, visant à réduire les pets et rots de vaches, émetteurs de méthane, un gaz très polluant [26] ; et l’enjeu est de taille : « 60% du total de nos émissions de gaz à effets de serre agricoles (…) provient de l’élevage boviné [27]» explique Eric Gravier, vice-président affaires publiques de McDonald’s France. En Grande-Bretagne, à eux-seuls, les bovins émettent 4% des émissions carbone totales de l’île [28]! D’autre part, en matière d’huiles, McDonald’s France s’est associée à Vital, une société allemande de production de biodiesel, pour « le recyclage des huiles de friture en biocarburant. Ainsi, chaque année, 6 millions de litres de biocarburant sont produits à partir de 7 300 tonnes d’huiles de friture usagées, collectées dans les restaurants McDonald’s [29]». De plus, « Au 1er janvier 2010, 100% des restaurants McDonald’s couvriront 100% de leurs consommations avec de l’électricité d’origine renouvelable [30]». Jean-Pierre Petit, Président Directeur Général de McDonald’s France confirme en affirmant que « les entreprises ont une responsabilité particulière dans les émissions de gaz à effet de serre; avec plus de 50 % des émissions, il est important qu’elles s’engagent fortement et concrètement. Notre expérience montre qu’il n’y a pas de risque économique ou social à s’investir courageusement dans une politique environnementale ambitieuse ». Les mauvaises langues rétorqueront que dans le même temps, la firme continue à s’approvisionner en nucléaire, du fait qu’elle ne décide pas de résilier son contrat avec EDF. D’une part, le nucléaire (à tort ou à raison, là n’est pas la question) a été reconnue par l’UE comme une source écologique d’énergie. D’autre part, quand on est une multinationale comme McDonald’s, et que l’on peut avoir des tarifs préférentiels du fait de la quantité astronomique d’énergie consommée chaque année, il est très difficile de casser ses contrats de manière unilatérale, du jour au lendemain. L’énergie renouvelable est plus destinée à montrer l’engagement de l’entreprise dans le domaine. Et qui sait, à terme, peut-être que Ronald résiliera son abonnement EDF… A noter, MacDonald’s avait rempli les impératifs de Kyoto (baisse de 8% des émissions) avec deux ans d’avance sur le plan. Pour 2020, l’objectif est on ne peut plus ambitieux : réduire de 60% ses émissions autour des magasins (seule zone où l’entreprise est entièrement responsable de ses actes), plus une réduction de 20% sur le périmètre dit global, i.e. englobant les productions agricoles. Ces zones ne sont pas directement sous la responsabilité du géant US, mais il s’engage a exercer de son influence pour aller vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Que demander de mieux ? Dans les enceintes McDonald’s, les ampoules basses consommation ont été installées, les toilettes ont des économiseurs d’eau (au Maroc, certains établissements n’utilisent même plus d’eau pour les toilettes !), des pompes à chaleur sont en marche pour le chauffage et un vaste plan d’énergies à été lancé. Résultat : -8% des GES depuis 2005. Non seulement ca, mais la politique McDonald’s dans le domaine a été reconnue par le milieu puisque l’enseigne possède à elle-seule « 30% des certificats verts en France [31]». La marque compte aller plus loin et installer en deux ans, plus de 800 nouvelles pompes à chaleur. Je pourrais également vous parler des actions citoyennes de la marque avec ses nombreux appels à projet, la publication d’un magazine annuel visant à présenter les avancées concrètes de la firme en matière d’écologie, d’un programme contre les emballages de la marque qui seraient jetés dans la rue, d’une politique très rigoureuse en mtière d’achat de bois pour lutter contre la déforestation (que ce soit pour les emballages ou la restauration des établissements, le bois utilisé – la volonté d’utiliser du bois plus que d’autres matériaux révèle également l’importance de la conscience écologique de l’entreprise –  « provient essentiellement des forêts françaises ou du nord de l’Europe [32]» ), des projets photovoltaïques, éoliens, etc. Je vous donne un dernier exemple, intéressant : McDonald’s a signé un moratoire avec Greenpeace, pour que les productions agricoles constitutives de l’alimentation du bétail ne proviennent que de terres agricoles disponibles, afin de préserver les forêts. La liste est sans fin. Pour une entreprise censée nuire à son environnement, c’est quand même déjà presque mieux qu’un bon début !

«Il peut aussi y avoir des chutes de neiges en été. L’important, c’est d’être modéré» – proverbe finlandais

En conclusion, comme le dit un vieux proverbe finlandais, « Il peut aussi y avoir des chutes de neiges en été. L’important, c’est d’être modéré [33]». Je ne prétends pas que manger chez McDonald’s vous permettra de vivre jusqu’à 200 ans, et de pouvoir courir le 100 m en moins de 10 secondes. Mais j’ose affirmer, que si consommé sans excès (c’est vrai que venant de moi, excès chez McDonald’s, on ne sait pas trop ce que ca veut dire…), la nourriture n’est pas exécrable. On peut critiquer le système du fast-food. C’est une chose. Mais présenter McDonald’s comme de la malbouffe parait pour le moins être déplacé, aux vues des réalités de l’entreprise. Ceci étant, il ne faut pas non plus demander à la marque de restauration rapide de faire dans le biologique : au lieu de payer votre menu 6€, vous le paierez 50€ et vous serez les premiers à vous plaindre d’une hausse des prix. Pourquoi ? Parce que n’est tout simplement pas ce que l’on demande à McDonald’s.

Cependant, que ce soit d’ordre nutritionnel, environnemental, social ou industriel, beaucoup d’éléments nous permettent d’affirmer qu’il y a un réel suivi de la qualité, et que tout ne passe pas derrière l’impératif économique de faire du profit. Evidemment, l’entreprise cherche à gagner de l’argent. Mais ce n’est plus au détriment du consommateur ou de l’employé. Beaucoup d’arguments donnés contre l’enseigne sont soit faux, soit de mauvaises foi[34] et Ronald est à tort, taxé de « Roi de la malbouffe ». S’il n’est pas de la malbouffe, il l’est au moins de mon estime. Merci pour tout Ronald !


[1] Stella et Joël de Rosnay, La Malbouffe : comment se nourrir pour mieux vivre, Seuil, Paris, novembre 1981

[2] http://dictionnaire.sensagent.com/malbouffe/fr-fr/

[3] http://www.mediadico.com/dictionnaire/definition/mal-bouffe/1

[4] Définition d’un système : « Ensemble complexe d’éléments de même nature ou de même fonction », sur http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/systeme/

[5] Définition disponible sur http://www.agrojob.com/dictionnaire/definition-agroalimentaire-2394.html

[6] Terme fréquemment utilisé, et notamment dans un article « McDonald’s. Le roi de la malbouffe a redoré son blason », Le Télégramme, le 29 août 2009.

[7] http://www.mcdonalds-environnement.fr/alimentation/

[8] Cf. une liste non-exhaustive des produits contenant des organismes génétiquement modifies http://biogassendi.ifrance.com/listeOGM.htm

[9] Les boissons sont également concernées.

Cf http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=15&id_article=2913

[10] Ibid.

[11] Contrôles effectués selon le procédé reconnu et répandu du HACCP (Hazard Analysis of Critical Control Points)

[12] Au Danemark, il y a une interdiction de vendre toute huile ou gras contenant plus de 2 pourcent de grans trans. Depuis, des réductions sur le % de graisse autorisée ont également été imposées à NY. Cf.Alternatives Santé, http://www.alternativesante.com/capsulesante/nouvelles/nouvelles.asp?Nopetitesnouvelles=1&NoCapsules=345

[13] Cf.Alternatives Santé, idem.

[14] http://www.campagnesetenvironnement.fr/qualite-nutritionnelle-et-recyclage-1177.html

[15] Institut mondialement reconnu, ayant des partenariats avec les grandes institutions internationales, comme la Commission Européenne pour qui elle est une « EU reference Laboratory » sur une dizaine de thématiques.

[16] http://www.strategies.fr/etudes-tendances/dossiers/129362/128442W/mcdonald-s-construit-sa-marque-employeur.html

[17] Ibid.

[18] Article de Libération « McDonald’s met la pression sur les syndicats. Pour les employés candidats CFDT, brimades et vexations sont au menu », le 11/09/1995

[19] http://www.emploiactu.com/spip.php?article3

[20] http://www.enlignepourlemploi.com/chat-recrutement-mcdo

[21] http://www.actuchomage.org/200604271794/Social-economie-et-politique/Ca-se-passe-comme-ca-chez-McDonald-s.html

[22] Idem 19

[23] Idem 19

[24] Idem 19

[25] Ce paragraphe est rédigé dans son intégralité sur la base des informations fournies par http://www.lestempsdansent.com/revitalisation-dune-identite-de-marque-mcdonalds-france/

[26] http://www.notrejob.com/mcdo-mcdonald-s-veut-des-vaches-qui-polluent-moins

[27] Ibid.

[28] http://www.zigonet.com/flatulence/grande-bretagne-mcdonald-039-s-debute-une-etude-sur-les-pets-des-vaches_art9743.html

[29] http://www.campagnesetenvironnement.fr/qualite-nutritionnelle-et-recyclage-1177.html

[30] http://www.entreprise-citoyenne.com/2009/12/au-1er-janvier-2010-100-des-restaurants-mcdonalds-couvriront-100-de-leurs-consommations-avec-de-l%C3%A9lectricit%C3%A9-do.html

[31] http://www.durable.com/actualite/article_mcdonald-s-se-met-au-vert-et-au-developpement-durable_516?_krg=7&_krt=McDonald%E2%80%99s+se+met+au+vert+et+au+d%C3%A9veloppement+durable&_krk=S%27abonner+%C3%A0+l%27info+durable+du+jour

[32] http://www.mcdonalds-environnement.fr/construction/

[33] Un vieux finlandais né en 1895. Il est mort depuis, mais le proverbe est toujours encré dans la mentalité finlandaise. Grâce à lui.

[34]http://www.alternativesante.com/capsulesante/nouvelles/nouvelles.asp?Nopetitesnouvelles=1&NoCapsules=345

Leave a comment